Menu
Menu

Discours

Texte écrit lors de mon atelier d’écriture.

Consigne : Utiliser les mots pierreries, odeur, lisières, belle amie, oraisons, hymnes, passion, ciel du dedans.

Ça commence par un mot, pas un son, pas un cri ni une parole fournie, non, ça commence par un simple mot. Dans un discours, je retiens ce terme qui est la cible de l’orateur, le mille qui rapporte tout à lui, le centre des propos, leur cœur en quelque sorte, le soleil du ciel du dedans. Je prends cette lave qui unit les expressions de l’orateur et forme à lui tout seul les pierreries de son propos et la plante dans mon cerveau comme un diamant dans un écrin. Et je n’y touche plus. Je le laisse à la lisière de mon imagination pousser comme un lierre à la croissance irrévocable s’emparer de mon esprit. La graine s’abreuve de ma vie : elle parcourt la cire de ma mémoire marquée de mes souffrances, de mes jouissances, en un mot de mes émotions. Comme une belle amie, bienveillante mais sans concession, elle absorbe le corps blanc de mon passé, rampe sur mon existence féconde, déploie ses racines profondes, donne lentement naissance à tant de ramification couvertes de bourgeons qui, plus tard, j’en suis sûr éclateront en multiples frondaisons. Vous croyez peut-être après ces belles paroles que mon écriture est comme un printemps dont l’oraison prédit une fin heureuse ? Il n’en est rien. Nul ne saurait connaitre par avance l’odeur de ce qui sortira de cette inspiration-là. Défendrais-je la veuve ou l’égorgeur, l’orphelin ou le despote, l’esclave ou le maitre ? Écrirais-je un hymne à l’amour ou une rengaine partisane, une incitation au meurtre ou un chant d’espoir ? Peu m’importe. Je suis un mercenaire du verbe, un maniaque de la rhétorique, un poète aliéné. Les idées sont sans importance, ce que je veux c’est faire briller vos yeux devant mes pages noircies, soulever vos cœurs de mes rimes léonines et faire transpirer vos méninges sur mes obscures intrigues. Tout commence par un mot. Aujourd’hui c’était lumière. Je vous le souhaite à tous pour l’an prochain : que la lumière soit !