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La plancher des vaches

Texte écrit lors de mon atelier d’écriture.

Consigne : Ecrire un cauchemar.

Je me suis réveillée dehors. Il faisait froid. Il n’y avait pas de soleil, mais il ne faisait pas nuit. Ce qui rendait l’endroit surprenant d’abord puis très vite pesant, angoissant, étouffant c’était les murs qui m’entouraient. Trois mètres de murs d’enceinte qui me surplombait et un rectangle de lumière en haut, éblouissant. Finalement une tombe, même vue d’en bas, ça produit toujours le même effet. Ça fait peur. Parce qu’il va falloir apprendre à vivre avec. D’en haut, c’est la certitude d’affronter la compassion des autres, puis celle de vivre seule, enfin le vertige à l’idée de s’y allonger un jour pour longtemps. Et bien, d’en bas c’est pareil. Quand on est mort on a la certitude d’hériter (le verbe est approprié vous en conviendrez) de voisins mortellement ennuyeux, la crainte de vivre seule pour un bon moment et la peur des nouveaux venus qui vous assommeront avec l’histoire de leur mort et, pire encore, celle de leur vie. Je suis arrivée là après 10 ans d’Alzheimer (ça je m’en souviens). Au moins, je ne vais pas perturber le sommeil de mes colocataires avec mes souvenirs. Je ne sais même pas à quoi j’ai succombé. Enfin, bref, je me suis quand même réveillée dehors. Je n’étais même pas dans un cercueil. Juste couchée dans un grand sac, en plein jour, dans un trou qu’on avait creusé la veille. C’est vraiment laid et misérable comme fin la fosse commune. Sans aucune comparaison avec un beau cercueil en chêne, verni et brillant dans lequel on m’aurait posée sur de la soie molletonnée, dans un beau tailleur en laine… Là, après m’avoir brièvement lavée, habillée on a dû me jeter directement dans ce trou béant. Et la terre, quand allait-on me recouvrir de cette bonne terre fertile des cimetières ? Quand allais-je recevoir la pluie filtrée par cette couverture nourricière, quand verrais-je s’approcher de moi les racines des géraniums d’Ernest le gardien, et les gros verres qui porteraient mon corps au quatre coin de ce terrain géométrique ? Enfin, quoi ? Je m’étais réveillée dehors quand même ? Vous vous rendez-compte, DEHORS, DEHORS, DEH…

Mme Tuvache, Mme Tuvache, Mme Clotilde Tuvache ?

Ho, bon sang, encore ce cauchemar. J’ai encore fait ce cauchemar de la créature morte, vivante qui dormait !!