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Ces gens jouent

Extrait de la série des textes sur les musiciens.

Bonsoir, ce soir, ici, des gens jouent ! C’est leur travail, ils jouent. Ces gens jouent, ce n’est pas facile à dire ça. Et les gens jeunes qui jouent là sont des gens bons. Et comme les gens jeunes qui jouent là sont d’ici on dit que ce sont des jeunes gens bons du pays. De ces jeunes gens qui savent tendre la joue. Les gens jeunent qui jouent devant vous sont des gentils qui tendent la joue. Des vrais tendres qui tendent leurs mains et caressent les cordes et les peaux tendues des instruments qu’après tant de temps ils tendent à présent vers vous. Comme on tend un cadeau, comme on tend un présent. Le présent d’heures passées et dépensées à se dépasser, à s’accorder, à régler leurs temps. L’accord des temps à ce point, c’est pire que de la grammaire Mesdames, Messieurs. Et partout, par tout temps, sans aucun temps péri. C’est qu’ils en sont tout épris. La musique, ils en sont malades et c’est ce qui les rend patients. Il faut les voir enchainer les portées sans jamais patiner. Ils doivent être doués, en tout cas, parce qu’en utilisant cinq lignes jamais personne ne pêche. Et pourtant ils vont vous en sortir des morceaux ! Des grands comme des gros, des petits sans queue ni tête ou des symphonies à chef d’orchestre. Quel que soit le mouvement, les âmes sont… accrochées et les bouches restent ouvertes. Mes amis les joueurs, les yeux s’écarquillent et, dans cette belle salle propre, se tendent les pavillons des oreilles de banlieue. Montrez leur comme vous savez faire dansez les blanches et chanter les noires, comme les soupires peuvent être respiration, comme ici le silence jamais n’endort.

Et toi public, écoute, regarde ces jeunes gens bons du pays qui jouent. Y’a pas à dire, pour jouer aussi bien, faut sacrément travailler !

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