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Scène de l’accouchement

Scène de l’accouchement.

Elle : Ha mon dieu, c’est merveilleux mon amour. Ouille ouille. Nous allons avoir un petit… hooo … bébé rien qu’à nous.

Lui : Oui, ça va être le plus beau jour de notre vie.

Elle : Ho mon dieu…

Lui : J’adore quand tu m’appelles comme ça !

Elle : Hou, là là !

Lui : Quoi ?

Elle : Ca fait mal.

Lui : Quoi ?

Elle : JE DIS QUE CA FAIT MAL !

Lui : Où ?

Elle (ahurie) : Hein ?

Lui : Je te demande où tu as mal ?

Elle (moqueuse) : A mon orteil, je souffre du petit doigt ! A part : Quel con, mais quel con !

Lui : Ha bon… tu n’as pas un peu mal au ventre ?

Le docteur arrive, tranquillement. Il s’assoit.

Dr : Bonjour Madame. Silence pendant qu’elle se plie en deux le docteur remet les plis de sa blouse. Je vous en prie, asseyez-vous. Alors… Silence… je vous écoute, que me vaut l’honneur de votre visite ?

Lui : Et ben, vous ne voyez pas ?

Dr : Si très bien, mais là n’est pas la question. Ce qui importe à présent c’est vous.

Elle : Comment !? Mais qu’est-ce qu’il raconte lui ?

Lui : Pas de panique ma chérie, ne t’inquiète pas, je gère la situation.

Dr (ton professoral, il parle lentement face au public) : Je m’excuse de vous pressez un peu mais je suis (fier de lui) responsable des urgences dans cet hôpital et j’aimerais ne pas perdre trop de temps…

Lui : Tout comme nous docteur, ma f…

Dr (ignorant totalement le mari) : …aussi si vous pouviez m’indiquer l’origine de votre mal, je pourrais, je l’espère, et d…

Lui : Et bien voyez-vous ma f…

Dr : …dans la mesure de mes compétences, et je vous prie de croire qu’elles sont, sans aucun doute, à la hauteur de mon diplôme, représentatives de la merveilleuse profession que j’ai l’honneur…

Lui : Je vous crois docteur, c’est ma f…

Dr : …de représenter, je pourrais, dis-je, vous apporter soulagement dans votre désarroi qui par ailleurs me semble un tantinet exagéré, bien que …

Elle (voix caverneuse) : Qu’est-ce que tu dis ?

Dr : Plaît-il ?

Elle : Ta gueule connard !

Lui : Je crois que ma femme souffre, docteur.

Elle : Ta gueule aussi abruti !

Dr : Humm… Pourriez-vous préciser un peu votre douleur, madame ?

Elle (l’attrapant par le col de la blouse) : Ecoute, vieille pute à pharmacien, tu vas concentrer ta cervelle de charcutier dans ton costume de lombric aseptisé parce que j’ai un mammouth de 850 kilos qui veut passer par le trou de ma chatière ! Alors tu vas me chercher l’anesthésiste… ET PLUS VITE QUE CA ! Tu comprends ce que je te dis moisissure de cafard dégénéré ? Il sort de son étreinte.

Lui : Ce que veut dire ma femme docteur, c’est qu’elle a perdu les eaux, alors…

Dr (terrifié) : Bon sang de bon sang, votre femme va accoucher !

Elle : Ho, Marie pleine de grâce… il a compris !

Dr : Mais c’est grave !

Lui : Bah oui et non…

Dr : Si, si je vous assure c’est très grave !

Lui : Bah, c’était prévu docteur.

Dr : Mais non pas du tout !

Lui : Ha si, si, je vous assure que ça fait un petit moment qu’on en parle.

Dr : Vous peut-être mais pas moi, vous comprenez ! C’est dingue de me faire ça à moi ! Je n’ai jamais accouché personne moi !

Lui : Bah nous non plus docteur.

Elle (à genoux par terre) et le docteur (ensemble s’adressant au ciel) : Bon sang… MAIS POURQUOI MOI ! Ils se regardent méchamment et pointent l’index vers l’autre… POURQUOI LUI/ELLE ?

 

Départ de la musique, volume faible : https://youtu.be/ZrsYD46W1U0?t=870   (il faut calculer le temps à jouer ce qui suit pour que la fin de la scène corresponde à 14’55’’).

Lui (sur le côté de la scène, commentateur) : Mesdames, mesdemoiselles, messieurs bonsoir,  je vous parle en direct de la salle de travail. Le lieu même de la précédente naissance dont on peut encore constater les stigmates sur les murs. Je crois que les hostilités sont lancées, elles s’annoncent d’ores et déjà tout à fait passionnantes. Un accouchement qui devrait être plein de rebondissements, un combat au sommet entre deux primipares, il faut bien l’avouer.

Dr : Allongez-vous ici madame. Je vous en prie. Il l’aide à monter sur la table d’accouchement. Elle passe son bras autour de son coup.

Lui : Ca y est la partie est engagée, à l’instant Fabienne semble prendre le dessus sur son adversaire avec cette superbe clé de bras autour du cou, un yakimoto ongonssou qui a totalement surpris celui que nous appellerons à présent : « Tony la blouse blanche ». Il semble pris dans un piège mortel inextricable… Ha non ! l’animal vient de se dégager… Les deux protagonistes sont à présent face à face.

Fabienne est allongée dos au public et le docteur lui fait face au fond de la scène.

Lui : Petit moment d’observation. Les deux joueurs semblent maintenant prêts à s’affronter.

Lui : Ca va mon amour ?

Elle met les mains sur ses genoux comme le ferait un sumo et répond : « T’en fais pas Nico, c’est une affaire d’homme ! ».

Le docteur fait les youyous… la lumière s’éteint doucement et on entend :

Lui : C’est une véritable mise à bas à laquelle nous assistons. Il fallait s’y attendre, il va y avoir du sang, des cris et de la sueur. Les deux combattants sont à présents corps à corps, Fabienne pousse des cris de bêtes cependant que Tony … ho bon sang de bon sang, il y en a partout, c’est une authentique naissance à laquelle nous assistons là, un spectacle étourdissant dans cette salle surchauffée. La tension est à son comble : Tony, la ventouse à la main, va maintenant tenter d’extraire le mammifère de sa grotte humide ; ,… le son baisse jusqu’à devenir inaudible… de son côté Fabienne fait son possible pour expulser l’occupant, le suspense est insoutenable. C’est un miracle, nous apercevons à présent un nez, une tête toute entière, le cou, les épaules…

 

La musique de fond part : https://youtu.be/ZrsYD46W1U0?t=895.

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