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Tautogrammes

Extrait de la série des textes sur les musiciens.

Le maître de cérémonie :

« Au XIème siècle, un moine bénédictin italien du nom de Guido d’Arezzo consacre sa vie à la prière, à l’étude et à l’enseignement de la musique. Ce moine va un jour décider de renommer de façon rigoureuse les différents degrés de l’échelle musicale. Et c’est pour ses élèves qu’il va mettre au point une nouvelle méthode de notation de la musique : c’est en effet Guido d’Arezzo qui est à l’origine de la gamme que l’on connait aujourd’hui ; dans cette idée de simplification de la notation de la musique il aura aussi ajouté deux lignes supplémentaires à la portée.

Les notes de musique sont jusqu’alors écrites avec les lettres de l’alphabet : A pour le la, B pour … . Mais cette écriture posait un problème pour la mémorisation ainsi que pour le chant. Lui s’inspirera de l’hymne des Vêpres de l’office de Saint Jean Baptiste, écrite par le poète Paul Diacre, et attribuera à chaque note la première syllabe du vers qui lui correspond :

Traduction : « Pour que puissent résonner sur les cordes détendues de nos lèvres les merveilles de tes actions, enlève le péché de ton impur serviteur, ô Saint Jean ».

A l’époque de Guido d’Arezzo la gamme n’avait que six notes : UT RE MI FA SOL LA.

Le SI n’apparaitra que beaucoup plus tard dans la gamme : à la fin du 16ème siècle introduit par le moine francais Anselme de Flandres, quand il a été décidé que le SI de référence (celui de la gamme) serait le SI naturel et non pas le SI bémol. Ceci dit, la note SI n’a évidemment pas attendu la fin de ce débat pour être utilisé dans les compositions.

L’ UT est la seule note qui changera de nom, il deviendra le DO, en raison de la difficulté à le prononcer. Il est en effet plus commode de chanter le DO avec la syllabe après la consonne, plutôt que l’inverse avec l’UT. Ce changement sera effectué pour la première fois par Bononcini en 1673. »

Un acteur sort du public en criant : « Ridicule ! Il s’agit d’une version datant de plus de 300 ans ! »

Un autre sort du public : « Taisez vous, mais taisez vous ! »

Le premier : « Du moderne, du neuf ! Je suggère de nouvelles… »

Le second : « Origines ? Vous voulez refaire l’histoire, sans doute ?»

Le premier : « Pourquoi pas ? Je propose des vers, plus exactement des Tauto… »

Le second : « Bah voyons, des histoires de Toto, c’est une bonne idée ! »

Le premier : « Des Tautogrammes mon cher, des vers dont chaque mot commence par la même lettre. Ici, chaque vers commencera par une note. »

Les acteurs sortent de la salle au fur et à mesure des vers suivants :

 

DO Dorénavant donnez, donnez, donnez de doux dactyles de durées distinctes

RE Rémi, rétablissez, resplendissez, rythmez, renversez-moi, rendez-moi rouge

MI Mixez-moi moulinez-moi mes mesures Métronome. Montrez-moi le mouvement !

FA Facile facile ! Faites ! Fausse figure ! Face fardée ! Faites fortune, foutu figurant.

SOL Solitaire sans souci sachant son solfège sans silence se sent serein. Serait-ce surprenant ?

LA La lointaine lumière longe le lit lorsque la lune luit

SI Sifflez suraigu simplifie sûrement son souci

 

DO Dos de doigts décidés dans des duolets de djembés

RE Réagissez, rassemblez rires, rites, rondes, rythmes, rendez ritournelles resplendissantes

MI Mirez-moi, moquez-moi, masquez-moi, marquez-moi mais méfiance : ma morsure mutile !

FA Farce folle fait forte fanfare : fifre, flute, flageolet font farandole

SOL Soliste sûr-entrainé souhaite satisfaire sa sirène sur-équipée

LA Las, le luthier lance la lyre lustrée. Lestée, la lyre lancée loin lutte, lévite, loupe le lac ! Rire. Le luthier louchait !

SI Si son serpent sonne, si sa sardine sourdine, si sans cesse son sifflet souffle, son saxophone

 

DO Dormir des décades dans des draps doubles dorés de divins dessins

RE Rêver, rire, ripailler régulièrement rend rond !

MI Mijoter mes mots, manger mes mesures, moudre mon mouvement, mais maîtriser mes mains

FA Fabuleuses fêtes foraines façonnez fables fortunées

SOL Solitaire sachant soigneusement sortir son sax sert souvent ses soirées sans sel

LA Là, la lueur louvoie, l’or luit, le laiton lézarde, l’alu…nissons

SI Si sa suite sonne sa symphonie sera sainte

 

Tous ensemble : bonne soirée !

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