Hypotypose 2/4
Exercice de L2 – Lettres modernes.
Hypotypose de la photo ci-jointe : Vivian Maier, Autoportrait (1954).
C’est une photo, c’est un autoportrait, c’est l’autoportrait d’une photographe qui se prend en photo prenant une photo. Dans un monde en mouvement, un monde en noir et blanc, c’est un instant pris au temps, une dixième de seconde qui dans le reflet d’une vitre reflète des vies. Un morceau de papier passé au révélateur d’une photographe qui nous apprend à voir le monde et montre le passé d’un instantané volé à des inconnus qui se sont envolés. Le jeu de miroirs d’un appareil qui réunit le trafic d’un boulevard et l’attente immobile de deux femmes en réflexion derrière une vitrine. Ce pourrait être Paris, Chicago ou Madrid, ce sont de noires voitures dans la circulation d’une ville moderne à la chaussée lisse, l’autoportrait d’une femme qui se fait transparente et se sert du noir de sa jupe pour, à travers un carreau, exposer la belle robe à carreaux d’une dame qui réfléchit. Vivian Maier montre, dans une magistrale mise en abyme, le gouffre insondable qui sépare deux mondes aux préoccupations inversées : le monde des voitures, du travail et des hommes qui s’affairent et celui des femmes qui s’assoient, pensent et dépenses en affaires. La photographe, entre eux deux, insère son portrait et nous ne savons plus si nous l’observons les observer ou si nous observons les observés.
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