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L’Auguste

Texte écrit lors de mon atelier d’écriture.

Consigne : Ecrire une histoire à partir d’un objet apporté par un autre.
L’objet : un globe transparent.

Il n’y a que trois professions
Qui provoquent la question :
Pourquoi avoir choisi cette profession ?
Ces trois-là tout le monde les retient,
C’est flic, pute et comédien.
Moi, j’ai choisi clown. Pas par tradition,
Hasard ni vocation,
Pour moi ce fut une révélation.
Pas l’image de mon père ni celle de ma mère,
Pas non plus la débauche de mon grand frère,
Non, ce qui m’a frappé l’esprit,
C’est la tête de Fondacci.
Fondacci, on l’appelait le Rital.
C’était l’adjoint du principal,
Le numéro deux de mon collège François Rabelais.
C’est dire la crainte qu’il provoquait !
Un homme maigre, sec et droit,
Le symbole de la discipline, le représentant de la loi.
Jusqu’en cinquième tout était à sa place.
Je travaillais le minimum en classe
Et n’aspirais, comme tous mes voisins,
Qu’à une moyenne moyenne et quelques bons copains.
Un jour du mois de mai,
Alors que je trébuchais sur quelques vers anglais,
Un élève entre et fait savoir à notre professeur
Que je suis demandé avant la fin de l’heure
Par Monsieur Fondacci pour préparer la fête de l’école.
Sans demander mon reste, je profite du coup de bol
Et rejoins le Rital dans la salle de répétition.
Je l’imagine en plein exercice de diction,
A répéter un texte de Shakespeare,
Déclamer du Molière ou même pire.
Rien de tout cela.
Le Rital, maigre, sec et droit,
S’est transformé en bossu malicieux.
Il me regarde avec ses yeux bleus vitreux,
Le menton rentré dans le coup,
Les cheveux d’un fou
Et les jambes arquées
D’un homme épuisé.
Derrière lui se tient Anthony,
Anthony c’était mon meilleur ami,
Derrière lui se tient donc Anthony
Qui bat le derrière de Fondacci.
A grands coups de pieds et sans retenue
Il frappe celui qui nous inflige des retenues.
Le Rital s’arrête, me regarde,
Je recule, je suis sur mes gardes.
Mais, me prévient l’adjoint du proviseur,
Ce sera à moi tout à l’heure !
Car si je suis sorti de mon cours si facilement
C’est pour me faire corriger dans un moment.
Pour jouer l’Auguste avec Anthony,
Le clown blanc sera mon ennemi.
J’ai compris alors, grâce à Fondacci,
Que jamais on ne rit
Si on n’y met du sérieux.
Et c’est en m’inspirant du Rital,
A présent bien vieux,
Que j’ai remporté ce globe de cristal,
Récompense du cirque de ma vie
Que j’ai pensé comme une vie de cirque.

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