3 février 2019
Les Routiers
Extrait de la série des textes sur les musiciens.
- C’est beau comme ils jouent, hein ?
- Nous on ne joue pas !
- Quoi ? Vous vous ne jouez pas. Comment faites-vous ?
- MAIS C’EST UNE QUESTION DE VOLONTE !
- Vous avez raison.
- Et puis quand on grandi un tant soit peu, y’a un moment dans la vie, quand on devient adulte, quand on a des responsabilités et bah ON NE JOUE PAS !!
- Oui, c’est vrai !
- C’est pas parce qu’on a une voix de rossignol, hein, c’est pas parce qu’on a deux ou trois choses à dire qu’il faut les coucher sur une feuille…
- Gribouiller deux ou trois accords et venir ici, monter sur des planches…
- Que des artisans ont méthodiquement clouées les unes aux autres…
- Devant un public assis dans de beaux fauteuils…
- Que des tapissiers ont cousus avec application…
- Que des déménageurs musclés ont descendus, avec forces, d’énormes camions…
- Que des O.S. en usines faisant les trois huit avaient montés comme des robots sur des chaines bruyantes…
- Des camions, donc, que des routiers sympas…
- Z’êtes sûr ?
- Ha oui très sympas les routiers.
- Que des routiers avaient transportés à travers toute l’Europe…
- Sur des autoroutes entretenues par du personnel qui risque tous les jours sa vie !
- QUE DES ROUTIERS sympas avaient transportés à travers toute l’Europe depuis des usines…
- Où d’honnêtes ouvriers les avaient bourrés…
- Qui ça ?
- Les fauteuils hein, pas les routiers évidemment !
- Ha non, attention ça c’est grave !
- Donc les bourrés, non, non, ho non !! les fauteuils bourrés de paille provenant de blé…
- Que des cultivateurs dans des champs péniblement labourés…,
- Les cultivateurs ?
- Mais non…
- La danse ?
- Comment la danse ?
- La bourée !
- Quoi, mais non pas la danse, non, non, la-bou-rés…
- Là, bourrés ? Les routiers j’en suis sûr !
- Non rien à voir avec les routiers ! Ca suffit avec ceux-là ! Labourés les champs, à la campagne…comme sillonnés comme…,
- Oui mais là c’est plutôt les routiers qui avaient sillonné la campagne.
- ENFIN BREF ! Labourés les champs avec de gros tracteurs dans lesquels ils avaient semé, cultivé avec amour et arrosé…
- Tiens ça recommence…
- Quoi ?
- Arrosé : encore les routiers !
- NON MAIS FAUT ARRETER AVEC LES ROUTIERS, C’EST FINI HEIN ! Arrosé avec de l’eau ! Du blé, donc, qu’ils avaient aussi coupé pour en récolter les graines qu’ils ont moulues pour produire la farine dont on a fait le pain que vous les amuseurs publiques vous avez acheté cet après-midi et avec lequel vous avez mangé vos sandwiches avant de venir là…
- A quelques centimètres au–dessus de tous ces gens qui ne sont pas ici pour jouer, et qui vous regarde comme des enfants dans la lumière nucléaire qui vous fait transpirer et vous brûle comme des insectes fous que vous êtes !!!
- Allez ! On veut du rythme mais pas du blues.
- Des grosses caisses, du lourd, mais sans effort.
- Chantez les cigales… les fourmis sont de sortie !
- Allez, jouez puisque vous n’avez aucune volonté !
Étiquettes :
2 personnages,
musiciens