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Ernest et Alexandre

Exercice de L2 – Lettres modernes.

Petit conte moral sur les risques de la suprématie.

 

Alexandre était un chêne,

Ernest un peuplier.

Le premier se croyait en veine

D’être le mieux ramé,

 

Le plus fort, le plus grand.

Son voisin au bois tendre

Maigre et blanc

Ne savait qu’au ciel tendre

 

Son squelette sans gland,

Refuge ni habitant.

 

« Je suis plus riche de tout ! »

Disait Alexandre fièrement.

« Tu es un rocher moi un caillou. »

Admettait le peuplier déférent.

 

« Je grince en hiver

Lorsque tu couves des truffes,

Tu nourris le cerf

Et du sanglier la truffe.

 

Je ne sers de rien,

Tu es mon souverain. »

 

Pourtant la richesse du Roi

Ne le sauva point.

Car c’est pour son bois

Qu’une veille de Saint Valentin,

 

Pour une paire de sabots,

Un jeune et courageux bûcheron,

Ne voyant dans le chêne qu’un cadeau,

Abattit le Pharaon.

 

Que l’histoire d’Alexandre et Ernest

Vous rende plus modeste,

Car votre grandeur du jour

Pourrait bien tourner court !

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